A Long Hard Road Away From Hell

Cináed et Noamhán Mc Gill Fhaolain avaient un problème. Un problème étique. Il y a quelques années de cela, lors que Siobhán avait ramené un jeune turc musulman sur les terres du clan, ça n'avait pas vraiment posé de problème. Après tout, Noamhán lui même avait dégagé ce terrain-là quelques années auparavant en ramenant une irlandaise catholique. Personne n'avait donc trouvé à redire et puisque Siobhán semblait comblé, l'essentiel était dit.

Emìr avait donc rapidement été adopté par le clan et tous s'étaient déplacé jusqu'en Turquie pour ses obsèques et porté son deuil avec chagrin. Le voir débarqué quatre ans après le teint frais et l'oeil alerte n'était même pas ce qui posait réellement problème au chef de clan et à son fils.

La Sainte Bible reposait près du chevet de Cináed, qui ne quittait plus guère son lit à son grand âge et les deux hommes attendaient en silence, l'air grave.

Dans sa chambre, Siobhán attendait elle aussi avec cette expression incertaine sur le visage. S'il ne revenait pas. Chaque minute qui passait la rendrait un peu plus collante et soucieuse quand il reviendrait. S'il revenait. Ne finirait-elle pas par trouver le moyen de le garder toujours près d'elle?

Noamhán se releva tout d'un coup. L'agitation qu'il entendait lui mettant la puce à l'oreille, il partit à la rencontre de son défunt beau-fils.

« Nous avons à parler Emìr. Suis moi. », annonça-t-il gravement.

Puis, sans attendre de réponse, il lui ouvrit le chemin jusqu'à la chambre du patriarche. Les filles étaient venu ouvrir les rideaux en grand et aérer comme tous les matins aussi, la pièce n'avait rien d'un mouroir. Elle respirait une odeur fraîche de fleurs coupées et de rire, c'était surtout pour cela que le vieux Cináed s'y plaisait. Lui-même faisait drôle de figure dans ce décor, tout sec qu'il était. C'était un peu comme si quelque chose en lui avait tenté d'aspirer depuis des années tout ce qu'il était à l'extérieur.

« C'est donc à cela que ressemble un ange... », fit le vieillard au bout d'un sourire. Lui qui était plus près de la mort que tous les autres le percevait sans doute différemment que les autres membres du clan.

Il suivit le chef du clan sans trop réfléchir. Il savait en son fort intérieur qu'il aurait droit à une discussion plus ou moins privée avec son beau-père. C'est pour cela qu'il le suivit sans réfléchir, désirant mettre au clair ses propres intentions, sans trop savoir pourquoi il voulait le rencontrer, même si Emìr en avait une petite idée. Se faufilant dans les couloirs de l'imposante résidence Fhaolain, Emìr finit par se retrouver dans une pièce qui dégageait une ambiance agréable, calme et apaisante, respirant la bonne humeur. Il croisa le regard du père de Noamhán, répondant à son sourire avec un certain respect comme lui, en avait eut pour ses propres anciens.

« C'est donc à cela que ressemble un ange... »

Le sourire d'Emìr s'élargit avec une pointe d'amusement, ses yeux prirent leur teinte bleuté, mais il ne sortit pas ses ailes. Il n'en avait pas besoin. Le vieil homme avait été mis au courant avant son arrivé, et visiblement, c'était pour cela que le Noam' l'avait attrapé au vol, avant même qu'il n'est pu rejoindre Siobhán, pour lui dire qu'il était rentré, l'embrassé. Sans vraiment, il baissa le regard, avant de le relever, avec une pointe de défi dans le regard. Emìr sentait venir la discussion, et même si il était bien plus diplomate qu'avant sa mort, il restait quand même bien borné.

« Je suppose que vous ne m'avez pas pris à part pour voir un ange... ? »

Entrons dans le vif du sujet, maintenant.

« Je suppose que vous ne m'avez pas pris à part pour voir un ange... ? »

Noamhán ne cilla pas à cette remarque. Le vieux Cináed lui acquiesça patiemment avant de répondre, sereinement :

« Holy cun'! Je ne crois pas non... J'en verrais bien assez tôt pour ma part... »

Ça n'avait pas l'air de l'inquiéter plus que ça. Il avait sans doute passé le stade où on avait peur de mourir. Il avait enterré la plupart des gens qu'il aimait. Il regardait avec tendresse ses arrières et arrières arrières petits enfants grandir, se marier, parfois même dans le cas d'Aoibheann et de Siobhán, enterrer leurs êtres chers.

« Je tenais simplement à m'assurer de tes intentions envers ma petite... »

Il ne semblait ni bien ni mal disposé contrairement à Noamhán qui restait toujours aussi fermé. Il n'avait pas le détachement de son père, d'autant qu'il s'agissait de Siobhán, la seule de ses filles qui avait quitté le nid bien que pour un Mc Gill Fhaolain c'était presque contre nature.

La première fois qu'il l'avait vue avec Emìr, il s'était dit qu'elle était partie pour le trouver lui. Aujourd'hui, il n'était plus si sûr du chemin qu'ils étaient en train de prendre tous les deux.